A table !

Boniface se frottait doucement le ventre quand il croisa le regard de Myrddin. Un peu géné, il s'arrêta.
Puis il se tourna vers Mordred.

Votre cellule ?
Il vous faut ressortir, traverser le cloître. C'est le bâtiment en face au deuxième étage.

Il se faisait très tard mais Édoras ne se sentoit point capable de s'endormir avec cette male faim qui lui enserroit le ventre... Il risque un oeil dans le réfectoire, puis, s'avança et se mit en queste d'un bout de pain ou d'un bol de soupe, mesme claire ou trop tiède. Il finit par dénicher un quignon dur et l'émietta dans un bol de bonne soupelette.
Il reposa son bol avec un soupir de contentement.

- Voici pour les solas du ventre... 'plus qu'à retourner à ma cellule et à embrasser Mophée.

Il posa son bol dans un coin, essuya la table et s'en alla d'un pas rendu incertain par le sommeil.

Yuan etait sorti de sa petite chambre et se dirigea vers le refectoire, afin de prendre un morceau de pain. Quand il arriva a l'entree, il entendit quelques bribes d'un conversation "Loue", "mes enfants".
Yuan ne se rappela pas avoir vu des enfants au sein de l'Ordre, ou parlait-on des enfants d'Aristote dont il faisait parti ?
Il s'engagea, ne vit personne dans le refectoire et alla dans la cuisine a la recherche de ce morceau de pain. La, il s'arreta net et vit Frere Boniface agenouille en train d'etreindre des... saucissons

Hum... euh excusez moi ?

Etranges enfants pensa-t-il et il ne put s'empecher d'esquisser un sourire

A table !!!
C'est par ces mots que, sortant de sa cellule, Édoras avança en se frottant les mains. Parvenu au réfectoire, il entendit des voix et une étrange plainte ennamourée.
Il s'approcha de Yuan.

- Le bon jour. Euh... vous savez ce que c'est que...

C'est alors qu'il apperçut le frère, embrassant ses saucissons.

- Ah, d'accord... Hem... Comment vous portez-vous, Yuan ?

Yuan se retourna. Edoras etait derriere lui. Il lui fit un petit feste de la main et lui repondit

Je vais bien, merci et vous memes ? Je viens de finir mon premier cours de medecine et je vous ai croise a la maison Noviciale. Vous etes en train de l'apprendre, ce cours, en ce moment non ?

- En effet. Plutost intéressant, non ? Ce ne sont encore que des sortes de premiers secours, mais je sens que ça va estre passionnant !

Puis, prennant deux bols et tendant l'un d'eux à Yuan :

- J'ai faim ! Acceptez-vous de partager ce repas avec moi ? Ce gruau n'a pas un bel aspect, mais l'odeur en est alléchante...

Tres interressant meme. Le Maitre Benedictus est un bon enseignant. Je vous conseille juste une bonne concentration, je me suis deconcentre l'espace de quelques instants et j'ai eu du mal a finir la quatrieme question.

Yuan vit qu'Edoras lui tendit un bol et le prit

Ca me ferait grand plaisir de le partager avec vous. Vous serez le premier frere avec qui je partage mon repas au sein de l'Ordre. Ca nous permettra de faire plus ample connaissance.

Yuan sentit la bonne odeur qui se degageait du bol et regarda Edoras

Je confirme, l'odeur donne envi ! dit-il, un sourire aux levres.
Il ne put s'empecher, en regagnant le refectoire, de regarder le Frere Boniface tenant toujours ses saucissons

Tout en marchant vers la table, Édoras poursuivit :

- Pour la concentration, entièrement d'accord... Mais il semble que je me sois bien débrouillé, le maistre n'y a point trouvé à redire. Enfin, on verra pour la suite.

Ils s'assirent l'un à costé de l'autre.

- Hmm... ch'est chaud...
- Miam ! Chaud mais bon, répondit Yuan.
- Pour sûr ! Distes moi, Yuan, vous avez dis venir de La Rochelle ? J'y ai été, une fois, avec Kaliya, une amie... c'est très beau, par là. Vous y estes né ?

Yuan fit une petite grimace, la gorgee qu'il venait de prendre avait ebouillante sa langue. Il mis en bouche un petit morceau de mie de pain, puis releva la tete afin de repondre a Edoras

Oui, je viens bien de La Rochelle, mais je n'y suis pas ne. Je suis ne a Sidon, une ville en Phenicie. Ma mere avait ete a Jerusalem pour effectuer un pelerinnage comme toute bonne Aristotelicienne. Elle a recontre mon pere la bas, sur la route, lui aussi Aristotelicien.

Maintenant que vous le dites, je pense vous avoir deja croise a La Rochelle, car j'ai souvenir d'avoir rencontre Dame Kaliya. Il se peut que je me trompe. Mais il faut dire qu'en ce moment, il y a une mauvaise ambiance a La Rochelle

- Hmm... Oui, c'est possible, votre visage ne m'est point inconnu, je ne saurois dire... Mon esprit et mes pensées estoient toutes entières tournées vers m'amie.

Il avala une cuillerée et tenta de chasser Kalya de ses pensées. La jouvencelle s'estoit emparée d'un large territoire dans son coeur...

- Je me souviens effctivement que l'ambiance estoit lourde là-bas. Mais la mer et le poisson... enfin, je n'y suis resté que deux jours.

Pictavius encore dans ses pensées et épuisé par deux journées et deux nuits d'un travail acharné pour mettre en place l'Hérauderie de l'Ordre et trier les dossiers de la Chancellerie, fait son entrée au refectoire.

Bonjour Très Chers Frères,

Pour moi ce sera une grande patate, un Poulet Saint-Lazare sauce barbecue, et un dimanche fraise. Ah oui, avec un grand lait orgeat sans glaçons s'il vous plait...

C'est pas pour emporter, je vais déjeuner ici aujourd'hui...

Visiblement de méchante humeur, boniface entendit la commande et disparu dans sa cuisine.
Il en sortit au bout de quelques minutes.

Voici la commande de mon frère. UN bon gros bol de gruau et un petit rosé (c'est dimanche).
Et du pain, bien entendu.

Il rangea quelques tables et disparu en grommelant dans sa cuisine.

Édoras échangea un regard éloquent avec Yuan puis, s'adressant à la fois à son compère et au Seigneur de Taillebourg :

- Hé bé, il est de fort méchante humeur, le cuisinier... une petite saignée lui feroit probablement grand bien !... Quelqu'un auroit-il menacé ses chers saucissons ?

Yuan étouffa un petit rire et s'étrangla, la soupe passant mal dans sa gorge. Il toussota et sourit à la remarque d'Edoras, concernant la menace qui pèse sur les saucissons du Frère Boniface

Hum, et vous Edoras, vous êtes né à Saintes ?

Édoras sourit en voyant que sa boutade avoit porté. Il s'en alla quérir deux coupelles de vin et revint à la tablée.

- Non, je suis né à Florence, en Toscane... mon père estoit un marchand d'étoffes Catalan, il estoit venu du Comté de Gerone en anaviant. Mais bon... les affaires, là-bas, ne sont pas très saines : mesme dans les brocards, les carisets, les serges, la soye... enfin, le vin des terres françoises me goustoit moult mieux !

Édoras éclata de rire en levant son hanap de rosé. Il offrit un large sourire au Grand Chancelier et au Novice.

- Buvons, à la santé des vignerons françois... et à ceux qui bénéficient de leurs breuvages !

A la bonne santé du Roy chers Novices !

Yuan leva son verre vers le Grand Chancelier et lui adressa un sourire

A votre santé !

Puis se retournant vers Edoras

Honnêtement, je ne suis pas très vin...

- Tu n'aimes pas le vin ?! Hmm... j'avoue ne pas te comprendre, mais bon... il reste la bière ! Pour ma part, je suis très friand de l'hypocras.

Et baissant le ton :

- J'ai une recette pour le dosage des épices... ça renforce l'arosme de canelle et ça poivre un peu l'arrière-palais. Dé-li-ci-eux.

Et reprennant, plus haut :

- Tout de mesme, un françois qui n'aimasse point la vinasse... vous pouvez concevoir celà, Frère Pictavius ?

Ah non parbleu ! la vinasse olé d'chez nous ben couillon comme on dit dans le Pouétou !

Édoras finit son bol de gruau et sa coupe de vin en souriant, puis se leva et alla frapper à la porte des cuisines du gros frère.

- Hem... Frère ? Où doit-on ranger notre vaisselle, lorsqu'on a fini de mangeailler, au juste ?

Il vit apparaistre la face rougeaude du frère, qui le dévisagea comme s'il estoit... un robeur de saucisson.
Édoras jeta un coup d'oeil prudent vers Yuan et le Frère Pictavius, qui observaient la scène. Rassuré d'avoir des alliés potentiels dans son dos, il affronta le terrible frère-cuisinier du regard.

- Euh... S'il vous plait ?

Le grand Hospitalier entra et trouva les frères attablés. Il salua le Grand Chancelier et les deux novices qu'il ne connaissait pas. Les victuailles s'entassaient sur la table sous le regard furibond du frère Boniface. Xolotl lui adressa un sourire carnassié et s'approcha des convives.

Par la barbe d'Aristote, notre livre des vertus ne nous enseigne-t-il pas la modération? J'ose espérait que Bénédictus vous fera maigrir un peu à l'entrainement sinon les ennemis de la Vraie Foi n'auront même pas à nous combattre; ils n'auront qu'à attendre que nous mourrions d'indigestion. Frère Boniface! Apportez moi un cruchon d'eau et un soupe, je crains que mon estomac ne puisse supporter ne nourriture aussi riche.

Il s'installa à table et se tourna vers les novices.

Alors d'où venez vous frères?

Édoras resta un moment décontenancé par les paroles du Grand Hospitalier. Puis, se reprenant, il haussa les épaules, laissa la vaisselle sur place et alla se rasseoir.

"Et moi qui vouloit seulement aider le cuisinier, songea-t-il en maugréant. Bon, tant pis. Hé, un moment... c'est un petit bol de gruau qu'il trouve trop riche ? Bigre, Spartes n'auroit point fait plus ascétique. Comment combattre avec si peu ? Il doit y avoir un truc..."

Il s'appuya sur la table et garda la bouche close, attendant que Yuan ou Pictavius parlent en premiers.