Journal de la Connétablie (extraits)

Avant propos.

Clermont, Bourbonnais-Auvergne
Jeudi, 29ème jour de Novembre 1455

" Jadis, durant quatre mois, je fus nommé Connétable du Poitou. A cette occasion, je rencontrai les divers problèmes que pouvait connaistre une armée moderne. Les problèmes locaux estoient le manque d'effectifs, la désorganisation, un manque de respect criminel envers l'autorité et des ambitions de pouvoir personelles déchirant cette armée au profit des divers chefs militaires, qui n'obéissaient point toujours au Comte du Poitou, leur chef légitime.

" Je me décidai donc à rédiger ce Journal, qui avait pour but d'améliorer la force militaire poitevine. Je dus abandonner un exemplaire au Castel Comtal poitevin lorsque je dus m'enfuir de cette terre, mais je conservai l'original avec moi. Voici à présent des extraits de ce Journal, débarassé des remarques purement ciblées sur des problèmes particuliers (et classées "secret défense"). Voici des commentaires et idées permettant la création, l'entretient et l'entraînement d'une armée moderne.

" Bien sûr, cet ouvrage peut paraistre uniquement valable aux conditions poitevines, mais rien n'est moins faux... Cependant, je compte mettre à dispositon de l'Ordo San Lazari deux exemplaires distincts de cet ouvrage : une copie de l'exemplaire original en édition complète, mise à la disposition du Grand Maistre, et une seconde, synthétisée et débarassée des élements trop spécifiques, pour se centrer sur les aspects généraux de cette thèse.


Frère Édoras
(Fra Edorazio)

II. Des différents type de troupes.

a) Infanterie
Les hommes d'infanterie sont divisés en coutiliers/piquenaires, hommes d'armes et épéistes.
Les coutiliers sont armés de longs coutelas et d'une arme rudimentaire composée d'un manche et d'une lame, appelée vulgairement "lance" (glaive, hallebarde, armes d'hast diverses, piques...), ils possèderont éventuellement une épée.
Ce que j'appellerais les "hommes d'armes" ou "sergent d'armes" sont des hommes équipés de haches de toutes sortes (de lancer ou de corps-à-corps), de masses d'armes, de morgenstern, fléaux de guerre,... et d'un coutelas ou d'une épée. Ces derniers sont parfois équipés de petits boucliers, les targes.
Ensuite viennent les épéistes. Ceux-là sont des hommes équipés d'une épée (à une ou deux mains), d'une dague ou coutelas, et éventuellement d'une targe ou d'un écu d'arme (aux armes du seigneur ou de la ville).
Tous ses hommes peuvent arriver à la bataille en selle, mais combattront systématiquement à pieds.

b) Archerie
L'archerie est composée d'archers, d'arbalétriers et de couleuvriniers.
Les archers peuvent être équipés d'arcs classiques, ou d'arcs longs "long bows", dont nous avons appris l'art des anglois chassés de nos terres récemment. Ils useront de sagettes de différentes flèches (la "flèche" n'étant que la pointe), rangées dans un carquois. Ils pourront être utilisés dans un but psychologique : le son des sagettes, tirées jusqu'à 45 toises, est terrifiant. Un bon archer devra être capable de tirer 12 sagettes à la minute.
Les arbalétriers seront équipés d'arbalètes, armes lentes à charger, mais terribles, tirant des carreaux, rangés dans une couire.
Les couleuvriniers sont des hommes maniant le canon à main. Cette arme relativement récente, apparue il y a un siècle environ, a fini par faire ses preuves et me semble porteuse d'avenir, pour en avoir déjà usé personnellement.
Tous ces hommes pourront combattre et voyager à pied ou à cheval. Lorsqu'ils sont montés, les arbalétriers sont nommés "cranequiniers", mais ne sont toutefois pas considérés comme de la cavalerie, de la même manière que les archers montés et couleuvriniers à cheval.

c) Cavalerie
La cavalerie sera considérée strictement comme les hommes combattant à cheval. Ils ne démonteront qu'en de rares occasions, selon les exigences du terrain. Ils forment une force de frappe qui sera utilisée pour des actions rapides, mais représentent également l'élite de nos combattants. Il en existe de trois sortes : la cavalerie légère, la chevalerie et les lices.
La cavalerie légère sera constituée d'hommes montés équipés de petits boucliers ou targes, d'une épée et éventuellement d'une dague. Ils seront en outre en harnois très léger : un casque, une jaque de cuir, quelques pièces d'armures, mais en aucun cas de lourdes plates. Ils serviront de messagers, d'éclaireurs, et effectueront des missions au-delà du front, nécessitant célérité et souplesse.
La chevalerie sera composée exclusivement de nobles (et parfois des escuyers de ceux-ci), et aura le droit de porter éperons. Les chevaliers seront équipés d'une lance, d'un écu d'arme de taille variable, d'une épée et éventuellement d'une dague. Ils devront en outre être en harnois plein, selon leurs moyens. Ils auront droit de porter leurs armes ou celles de leur seigneur sur leurs écus.
Les lices seront composées d'hommes en armes équipés d'une lance et d'un bouclier. Ils devront porter casque, et armure selon leur fortune ou celle de leur seigneur.

d) Marine
Notre marine, basée à La Rochelle, ne doit en aucun cas être négligée. Les équipages, s'ils n'auront nul montures, devront être composés, au moins, d'un Lieutenant, d'un quartier-maistre, de 3 hommes d'archerie, d'un coutilier et d'un sergent d'armes... en plus des manoeuvres galériens, évidemment. Au maximum, 16 hommes, le double de la composition précédemment décrite. Mais en ce cas, il faudra nommer l'un des lieutenants, capitaine du vaisseau, ou leur adjoindre un officier supérieur.
Nous possédons actuellement 15 soldats et deux lieutenants, sous les ordres d'un commandant de la flotte (grade équivalent à celui des commandants de bataillon des casernes). Et ce, pour trois vaisseaux, dont l'un est endommagé. Il faudra donc de toute urgence répartir les équipages.

e) Ingénierie
L'ingénierie est composé des troupes maniant les engins de siège : mangonneaux et trébuchets, beffroi, béliers, mais aussi, à l'avenir (sous réserve que cela obtienne l'agrément du Comte, ces engins étant peu sûrs), bombardes.
Les hommes maniant ces engins devront être équipés de coutelas ou dagues, de quelques arcs ou arbalètes pour les hommes du beffroi, de masses, de haches, de morgenstern et éventuellement d'épées. Ils devront en outre porter des pavois, un par paire de soldats, ou de grands écus pour ceux en ayant droit.

III. De la formation des lances de batailles.

Il faudra que le choix des formations des différentes lances (qui devront être composées de la manière décrite plus haut) soit laissé entièrement libre au Capitaine du Poitou, sous réserve que le Comte soit d'avis égal. Capitaine désirerait mener une attaque éclair avec une cavalerie couvrant véritablement à lieues par jour, il faudra qu'il demande dans les troupes des volontaires pour obtenir un cheval IG... la création d'une garde d'élite remédierait à ce problème]
Il lui sera toutefois recommandé de laisser à un seigneur ses hommes, mais de lui commander plutôt ses actions, et ceci afin de ne pas briser le lien pouvant exister enter ces hommes (quant au lien pouvant exister au sein des compagnies, il conviendra de l'atténuer par des rencontres inter-compagnies).


IV. De la création d'une unité de démonstration

Afin d'améliorer l'image de l'armée et de la rendre plus visible et, donc, plus accessible par les civils, il sera important de créer une unité dicte de "démonstration", ou de parade. Celle-ci devra être composée d'hommes de grande valeur morale et technique : ils devront être capable de manier toutes les armes à main, à pieds ou à cheval, devront également compter quelques excellents archers et arbalétriers, ainsi que des gens capable d'user de la poudre noire (couleuvrine).
Cette unité devra circuler dans le comté, allant de ville en ville, sans trop se presser (devra rester au minimum deux semaines dans une ville) et en effectuant des démonstrations de nos capacités, via de grandes montres en champs clos ou en lices. Les animations seront des tournois de tir à l'archerie, des joutes (donc, cela nécessitera la présence d'au moins deux nobles), des pas d'armes, des duels... bref, du spectacle en grand bobant !
Pendant leur présence en ville, ils seront autorisés à boire raisonnablement afin de nouer des contacts forts avec la population (et de recruter quelques solides gaillards). Evidemment, il leur sera interdit de boire le jour précédent leur départ vers une autre ville.

V. Des troupes auxiliaires ou mercenaires.

a) Des différentes troupes étrangères.
Il existe deux types de troupes étrangères : les mercenaires, soldats de métier à votre solde ; et les auxiliaires, soldats envoyés par un Etat tiers pour vous soutenir.

b) Des défauts des unes et autres troupes.
Le problème des troupes auxiliaires est qu'elles restent liées à l'Etat qui les contrôles. Or, quelque soit l'alliance qui peut vous lier à cet Etat, elle n'est que temporaire, et vous êtes donc soumis à ses caprices. Vous devrez donc craindre la valeur des troupes auxiliaires.
Les troupes mercenaires sont lâches et infidèles : elles vous lâcheront pour peu que le vent vous soit défavorable. De plus, si vous gagnez grâce à elles, elles prendront sur vous un ascendant grandissant, finissant par vous réduire en esclavage.

c) De la nécessité d'importer des troupes.
Or, notre manque d'effectifs nous plombe. Il nous est nécessaire d'importer les soldats que nous ne produisons pas.

d) Des solutions entrevues.
Par conséquent, voici ce que, selon moi, nous devons faire : parvenir à importer des soldats qui ne soient ni mercenaires, ni auxiliaires. Adoncques, nous devons déclencher une émigration ; proposons à des vagabonds étrangers de les aider à évoluer, en échange de leur promesse de... devenir sujets poitevins ! Choisissons-les au levant, faisons-les s'installer, mais choisissons-les de nature guerrière et non hérétique. Aidons-les à acquérir armes, à s'installer. En échange de quoi, ils s'engageront dans l'Armée Poitevine (contrat non négociable, sine qua non).
Il nous faudra des fonds, sans doute, mais nous obtiendrons ainsi une caste guerrière qui nous sera fidèle, car elle nous devra tout, et dont nous serons certains de la valeur, car nous les aurons formés.
Voici comment nous obtiendrons des troupes prêtes à la guerre et en effectifs suffisants. Ainsi, nul besoin de recourir à l'ADC ou à une autre aide humiliante. N'oublions jamais que la devise de la Connétablie doit être "Si vis pacem, para bellum" !


VI. Des manoeuvres.

a) De l'importance des manoeuvres.
Le principal défaut de l'Armée poitevine, après ses effectifs, est la lenteur de sa mobilisation. Outre qu'il faille un Capitaine emprit des Arts de la Guerre et, si possible, aguerrit, il faut également que, dès la proclamation du hériban par le Comte, les ordres de mobilisation s'effectue de façon fluide, de telle sorte que notre armée soit totalement ordonnée en six jours maximum, soit le temps de relier Thouars et Saintes. Dans l'idéal, il faut que toutes les compagnies soient parties dès le hériban.
Il est donc évident que, sans manoeuvres, il est impossible à nos troupes d'apprendre à se mobiliser rapidement.

b) Du déroulement des manoeuvres.
Les manoeuvres consisteront à rejoindre un point donné, ville ou noeud. Une Compagnie par ville partira, certaines compagnies s'échangeront des hommes et les lances se formeront. Ces manoeuvres seront dictes "de formation de lances" ou "d'organisation". Ensuite, d'autres manoeuvres (en plus de celles, de routine, visant à sécuriser les routes et déjà appliquées) consisteront à se déplacer par compagnie et à effectuer des changements de cap successifs, dont les lieutenants seront prévenus le jour même. Ces manoeuvres, dictes "de déplacement" et "d'affrontement", se feront par deux compagnies ou plus, qui feront mine de se poursuivre et de s'esquiver. Elles pourraient aussi s'affronter au "premier sang". Ces manoeuvres, plus délicates, permettraient d'obtenir des troupes aguerries ; bref, de ne plus avoir des compagnies seulement formées de "bleus".
Ces manœuvres permettraient également au capitaine et au Connétable d'apprendre à collaborer. Le premier dirigeant leur déroulement, et el second les organisant avec lui. Ainsi, lorsque dans la guerre, le Capitaine sera au front à diriger l'Ost Poitevin, et que le Connétable assurera la levée des troupes de réservistes et d'engagés exceptionnels, ils seront à même de travailler de concert (chapeautés par le Comte, qui devra recevoir rapport quotidien).


VII. Des noeuds.

Afin de mieux nous y retrouver, il me semble important de donner des noms à nos noeuds, d'après les noms des villages les plus proches. Soit Cognac, entre Saintes et Angoulême, dernier noeud de notre territoire au sud-est ; Rochefort, entre Saintes et La Rochelle... Cela avait déjà été fait, mais ce savoir s'est perdu.


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1 toise = ~2 mètres

Poitiers, Castel Comtal du Poitou
Mardi, 31ème jour de Juillet 1455

Conseils d'Ordre Tactique
Aux Seigneurs et Capitaines présents et à venir.


I. De la manière d'aborder un État Étranger

a) Types d'États

Il existe trois sortes d'États : les alliés, temporaires ou liés à vous par quelques liens vassaliques ou personnels ; les neutres, avec lesquels purrez vivre en paix tant que rien, par vos propres actions ou le hasard des événements, ne les pousse à la guerre ; et enfin les ennemis, qui sont tous ceux de vos voisins proches ou frontaliers avec qui vous avez eu ou non des conflit déclaré, ou à tout le moins des relations conflictuelles.
Il en va de mesme des Hommes et des États, en fait.
Il est toujours possible et bien trop aisé, pour un État, de descendre d'une catégorie à uen autre, moins favorable ; mais il est par contre très ardu, lent et malaisé de monter en faveur. Et il doit en estre ainsi.

b) Des Alliés

Par exemple, Les Alliés actuels du Poitou sont tous les États du Domaine Royal, et ceux de l'Alliance du Centre. Avec ceux-la, il ne faut jamais oublier qu'une alliance est une chose temporaire, et surveiller ce qu'il se s'y passe afin de prévenir de conflits à venir, qui pourraient vous toucher sans que vous y soyez préparé. Ne jamais oublier qu'à vouloir éviter un conflit, on ne fait que le reculer et, qu'à trop le reculer, si on n'y prend pas garde, on se retrouve dépassé lorsqu'il survient.

c) Des Neutres

Des Neutres, il est peu à dire, sinon qu'il faille s'acharner à s'en faire des Alliés. Surtout, veiller à ne pas se faire des Neutres d'ancienns Alliés : l'amitié est une chose qui s'entretient, ou elle finit par dépérir.

d) Des Ennemis

Par exemple, Tout le monde le sait : les "adversaires traditionnels" du Poitou sont la Bretagne et l'Anjou. Quelques soient les Traités qui pourront un jour estre signés, il ne faudra jamais oublier de garder un oeil méfiant, bien qu'une main caressante. Surtout, c'est en prévision d'un conflit avec ceux-la que nous devons nous entraisner.
Je dirai également qu'il n'est rien de pire sort à redouter que la félonie d'un Allié.


II. De la façon de planifier tout acte belliqueux

a) Avant la Guerre

Avant toutes choses, garder toujours à l'esprit de maintenir un oeil ouvert sur les événements intérieurs des provinces limitrophes. Pour ce faire, taschez d'entretenir un ambassadeur ou un espie sur place (c'est souvent la mesme chose : retenez-le pour les ambassadeurs estrangers que l'on pourrait vous envoyer).
Ensuite, retenez ceci : il est impossible d'entrer dans un pays et de s'y maintenir sans l'appui d'une partie - mesme minoritaire - de sa population.
Vous devez donc toujours tascher d'entretenir certaines tensions chez vos voisins, de telle manière que certains de ceux-ci vous soient favorables, ou à tout le moins défavorable à leurs maistres.

b) Pendant la Guerre

Pensez à ne jamais complètement retirer vos compagnies d'une ville sans avoir précédemment maté toute résistance. Mieux vaut de faczon procédurière laisser des compagnies en arrière tant que vous n'aurez pas conquis et pacifié toute la zone désirée.
De mesme, n'oubliez pas que le seul moyen de conserver plus tard vos prises et de ne point avoir d'ennemis qui vous les contestent est d'annihiler, d'exterminer totalement vos rivaux et leurs familles ; soit toute l'ancienne famille régnante, à tout le moins.
Cela peut sembler dur et contraire à la morale d'Aristote, mais quiconque se trouvera trop faible pour le faire perdra inéluctablement ses conquestes.

c) Après la Guerre

Pour controsler un territoire afin de l'asservir ou de le pacifier, il vous faudra absolument lui conserver ses anciennes lois, ne rien changer aux imposts (sauf, éventuellement, pour les abaisser), conserver vos troupes sur place jusqu'à ce que vous ayez suffisamment de colons que pour tenir la région et, si possible, vous établir vous-mesme sur place.
Enfin, il est moult conseillé de remplacer petit à petit la noblesse locale par celle que vous aurez élue, mais pas trop rapidement, afin que les nobles ne s'en rendissent point compte immédiatement et ne se liguassent contre vous. Emprisonnez-en quelques uns (et faites-les périr en cellules), exile-en d'autres, ruinez-les... ne gardez que ceux qui, dépendants entièrement de vous, vous resterons fidèles : ceux-la vous serviront à vous rallier la population. Il en va de mesme de tous les fonctionnaires un peu importants.
Enfin, et c'est aussi important que de garder des soldats sur place, veillez à vous rallier peu à peu la population, en lui faisant montre de magnanimité, et en lui témoignant votre attachement par toutes sortes de présents (tant que ceux-ci ne gênassent point votre emprise). Bref, agissez avec la nouvelle population comme avec une jeune épouse.
Une ville, tout comme une femme, se prend par la douceur, la patience et mille attentions.